Je suis seul à la maison, un petit coin douillet, un petit appartement du cinquième arrondissement que j’ai acheté il y a trois ans. Je squatte à l’aise, je suis pose dans mon canapé design, les pieds sur ma table basse design avec mon ordinateur portable sur les genoux. Pas un coup de fil, pas un sms, pas de chat sur internet, je suis seul et ce soir je me coucherai seul. Ca me ressemble pas, c’est pas mon genre, habituellement, je déteste me retrouver seul avec moi. Ca me fout le bourdon, ça me donne envie de faire n’importe quoi, de faire de la merde comme on dit entre nous.
En ce moment, je fais une pause, je calme le jeu, je m’économise.. je regarde des séries sur mon portable, la dernière en date ? Californication. L’histoire d’un écrivain paumé qui baise avec des mineurs, picole, se drogue pour oublier. Oublier qu’il a beau courir, sa vie le rattrapera toujours… Putain, j’aurais jamais cru m’identifier un jour à David Duchovny. C’est moche quand même. Mais le plus laid, c’est qu’à la fin de la saison, il retrouve sa femme, sa fille et qu’ils finissent heureux se perdant dans l’ivresse du bonheur familial… Mais qu’est-ce qu’ils ont les cainris avec leurs saloperies de happy end ?
Il est vingt trois heures et après sept épisodes, onze bouchées à la crevette et une portion de riz blanc, j’essaye de taper quelques mots. Ce soir, j’ai pris une grande resolution, écrire une page par jour pour décrire ma vie et celle de mes proches. Le concept, c’est que ça dure un an à partir d’aujourd’hui… Je m’offre 365 pages de psychanalyse. Peut-être que je le publierai, peut-etre que j’en ferai un blog, peut être que ça restera au fin fond d’un repertoire cache de mon powerbook. Peut-être que ça n’intéressera personne, peut-être que je n’ai aucun talent… Une année c’est long et l’assiduité c’est pas mon fort. Je suis plutôt du genre à courir le marathon en tête et m’arréter à cinquante centimetres de la ligne d’arrivée. Je finis pas ce que je commence, je ne reste pas pas avec une femme très longtemps, et quand je reste je m’arrange pour qu’elle me quitte. Je suis un connard générationnel, un produit de MTV et de la banlieue parisienne. Je pourrais avoir une vie agreeable, confortable avec des enfants, une femme… C’est normal quand on attaque la trentaine non ? Ma mere me l’a dit… “Te fais pas d’illusion, t’es un marginal, tes amis ne sont pas normaux alors essaye pas de faire semblant vie ta vie décousue… C’est ta façon à toi de rester vivant.”
Je vis donc ma marginalité confortable comme je le peux… Entre deux lignes de coke je passe mon temps à sortir et à travailler. Mes sorties me coutent cher alors je travaille beaucoup, une vraie pub pour l’UMP nouvelle generation. Demain je dois être au travail à 10 heures et pour une fois je n’aurai pas de cernes, mon haleine ne sera pas chargée de vodka meme après 3 bains de bouche au Lysteril. Je vais être clair, performant, je vais assurer dans mon role de directeur commercial. Je vais enfin mériter mes 6000 euros mensuels.
Il y a 7 ans
1 commentaire:
"No author is an island" (J. Mearsheimer et S. Walt, "the Israel lobby")
Moody n'existant pas et Duchovny n'écrivant pas dans la vraie vie, un idée pour un prochain post : tes héros, tes sources d'inspiration, les vraies...
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