jeudi 19 juin 2008

Jour 10 : En attendant l'anniversaire de Paula

Je me réveille. Il est quatre heures de l'après-midi. La tête de d'hélène repose sur mon épaule, nous sommes nus. Je repense à notre début de soirée chez Paula... Rien ne laissait présager ce qui allait se produire. Ni des séquelles que cette soirée laisserait..

Tout à commencé un samedi de janvier. Après avoir passé mon après midi avec Marine, à cette époque nous formions encore un "couple", à tenter de trouver un cadeau pour la soirée d'anniversaire de Paula. Je rentre chez moi. Gérard me téléphone pour me démander si j'avais eu le temps de trouver quelque chose car s'étant levé à 18h, il n'avait pas pu chercher. Il me raconte sa soirée : le résumé est simple 3 grammes et 2 bouteilles de vodka! Après diverses tentatives, on tombe d'accord sur un cadeau : un énorme bouquet de roses. Je vais donc vers le fleuriste et commande un bouquet bicolore des rouges de la part de Gérard et blanches de la mienne. Pas la peine de faire un dessin : Gérard avait couché avec Paula et voulait le lui rappeler publiquement. Un cadeau d'anniversaire "élégant" et provocateur en somme...

Gérard me rejoint chez moi avec une bouteille de champagne afin de commencer la soirée en privé. je crois que c'est l'avant-dernière fois que j'ai bu un verre avec lui sans qu'il s'accompagne d'une trace de cocaine. Faut croire qu'on était moins accro à l'époque. Le bouchon cède sous la pression du gaz et je remplis les coupes de champagne. On trinque... On trinque à plein de choses au fait qu'on se soutient, qu'on se connait depuis longtemps et que notre amitié veut dire quelque chose... La bouteille est vide, nous pouvons partir faire la fête!

Il pleut, le taxi est coincé dans les embouteillages... Gérard en a marre d'attendre... Il gobe un dollar sans eau... Ca fera passer le temps... Moins de 4 km en 1h30 : du jamais vu! Il me demande si j'en veux un... Merci, mais non merci! la dernière fois que j'ai pris ce genre de merde, je suis resté douze heures cloué au lit avec un vieux bad. J'ai du appeler une vieille amie au secours... Heureusement, elle était là...

[To be continued...]

mercredi 18 juin 2008

Jour 9 : Sometimes

Hier grosse soirée : elle sera relatée ASAP! Je me sens un peu comme une grosse épave aujourd'hui... Alors je cède à la facilité... Un article tous les jours... Je m'y tiens et ce cette fois-ci, je vais laisser quelqu'un d'autre prendre la parole! Voila ce qui tourne en boucle dans ma tête...

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Sometimes

Yo I grew up like the regular thug, I think I told you that
My only means of gettin money was to sell the crack
I shot a nigga did a bid nigga all of that
So now I kick back and get paid for raw rap
Nigga 'Pone ain't home, not yet (not yet?)
Yo it don't matter cuz we's all on the same set
Me and ??? kick it on the here and there
The really head to tough but the love is there
My pops died on July 3rd, '98
So now a nigga need mad herb
Cuz my pops is here yo he loved his son
Matter of fact my pops the one that showed me a gun
And said "Popi, you gotta protect ya moms
Even if that means that you gotta strap up arms"
He used to make me hit the punching bag
My dad, he was a boxer god
And he really was glad yo the boxing the golden glove
He just a thug and I love him yo
So I'ma spread that love...

Sometimes I wanna cry and pray, sometimes
Sometimes I want Channel 8, sometimes
Sometimes I get drunk all god damn day
Sometimes I wanna go back around the way
Sometimes I wanna ride and smoke, sometimes
Sometimes I got money and I still feel broke

I cock and pop 3 in the air for my niggas not here
Locked it wit me, your legacy live on with me continuously
Tremendously I blow weed deep in my memory
You still breathe, your face show through your seeds
And who know it that you go so quick
We all felt hopeless, through blunt smoke
My pen spittin and I show this
I swore an oath you would notice
I go to lengths with my rap strengths
When I think about my past friends K-Rock and D-zo
Primo from the same block as me since we was shorties
The pain and project glory
I get touched it all absorb me like a weed head rush
Keepin the thorough for my passed he-ro, I must
All my peoples street and physical
I still see you featured in my heart sometimes it might wrinkle
Much drinkin when I'm thinkin, its like I feel a hush over the skies
Touched by dead guys speakin...

Sometimes I wanna cry and pray, sometimes
Sometimes I want Channel 8, sometimes
Sometimes I get drunk all god damn day
Sometimes I wanna go back around the way
Sometimes I wanna ride and smoke, sometimes
Sometimes I got money and I still feel broke

Yo from Biggie Smalls to Killa B too
??? and 2Pac, yo my twin and my pops
Hit-Hard Todd and Smiley, T-Bone too
And plus, my nigga Raheem, from ???
You know I poured out beer for Fernando too
And I still smoke my bogeys in the rest of the crew
Yo ain't nothin changed still play ball the same
I like to cheat a little bit just to run in my game
But y'all niggas ain't here, can't believe this shit
Thought you'd always be here, though we'd always be clique!
But y'all niggas not here no more, it ain't fair no more
Sometimes I get stressed and kick the door
But I maintain still holdin' in the pain
Why my pops had to go, why his kids the same
Mothafuckin mambo, yo I love my dad
I know he probably didn't realize what he had

Noreaga - Melvin Flynt - Da hustler - 1999.

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mardi 17 juin 2008

Jour 8 : Quand Paul est redevenu célibataire

It was a long time ago... Je suis chez moi, il est 23 heures, quand j'entends mon portable sonner. "C'est moi, on est rentré de vacances, je l'ai larguée. Là, je viens de finir trois bières et quelques vodkas, Gérard va venir me tenir compagnie. Tu nous accompagnes ?" Un coup de scooter et j'arrivesur les lieux de la bavure : deux ivrognes sont assis à la Terrasse du Dupont Café. Je ne sais pas trop si ce sont les braséros qui leur tiennent chaud ou le whisky qu'ils s'envoient depuis plus d'une heure. Ils ont de l'avance, mais le retard ça se rattrape.

Une bouteille de vodka! Les verres s'entrechoquent, la première tournée est consommée. Le Dupont Café à Convention, c'est un bar un peu sordide, un spot d'ingénieurs ou de consultants du 15e. Le patron doit être un fan de Valérie Damido. Il a cru que peindre les murs en marron et mettre des fauteuil clubs c'était de la déco... Il a juste oublié les stickers! Mais nous on s'en fout... On est bien quand même avec notre bouteille de vodka. On est tellement bien qu'on la boit en 40 minutes. Et puis, qu'est-ce qu'il y connait Rick Hunter à la déco ???!!

La bouteille est vide : notre sixième sens de pochetron nous invite à commander la petite soeur.
- Excusez-moi, mademoiselle, vous pouvez nous remettre la même ?
- Le problème c'est qu'il est minuit vingt et qu'on va fermer.
- Allez, juste une petite, on sera rapide. C'est pour remettre mon ami de sa séparation.
- Non, vraiment, je suis désolée : on ferme.

Elle ne veut rien savoir malgré une dernière tentative accompagnée d'un sourire à 40 000 dollars (elle a du anticipé la dévaluation). Les bars ferment toujours trop tôt et surtout les bars de merde. On est poussé vers la sortie et on s'efforce de marcher droit. Je me dirige vers l'arbre le plus proche pour pisser. J'entends rire derrière moi, c'est Gérard.
- T'es vraiment pas punk toi!
- Et pourquoi petite biatch !?
- Parce que tu pisses contre un arbre alors qu'il y a plein de Mercedes qui demandent que ça

Il marque un point!

On se retrouve en bas de chez Gérard. Alors qu'est-ce qu'on fait ? Une nouvelle idée jaillit : si on allait acheter une autre bouteille chez l'épicier ? Une nouvelle preuve de la la fulgurance d'un cerveau d'alcoolique... Zubrowka, red bull : cocktail fraicheur!

Sept étages plus haut, je m'installe dans le canapé de Gérard. On a faim, il faut qu'on mange... Patrick décide de préparer des pates.
"Le secret pour la sauce tomate, c'est de mettre un peu de Martini dedans pour adoucir le goût. Sinon les tomates c'est acide. C'est pas des conneries j'ai lu ça sur gourmet.com. T'as pas de Martini Gérard ? RaaahPutain! Tout le monde a du Martini normalement. Bon bah... je vais mettre un peu de sucre. C'est bien le sucre. Ca marche aussi le sucre. HUUUuuuuUUUUMMM ça va être bon. Merde ! J'en ai peut être mis un peu trop..."

La cuisine ressemble à une scène de crime et la bouteille de l'épicier est déjà bien à moitié vide lorsque les assiettes arrivent.
- C'est bien de manger des pâtes avec tout ce qu'on a picoler, ça va nous aider à encaisser.
- Gérard, les toilettes, c'est où au fait ?

Je ne me souviens plus de quand j'en suis sorti ou qui m'en a sorti. Je ne me souviens pas exactement comment je me suis retrouvé allonger dans le canapé lit de Gérard. Je me souviens juste d'un gros mal de crâne, de pâtes dégueulasses et d'un lendemain matin difficile au boulot. C'était le bon temps... On était plus jeune... on était potes... tout ça a bien changé...

lundi 16 juin 2008

Jour 7 : Introducing Lolo

- Devine qui c'est, chéri?

- Je sais pas... En tout cas t'as un joli accent...

- Je me suis marié et je vis à Paris, tu te souviens pas de moi, chéri?

- Lolo??? T'es en France?

- Eh oui, cheri... Tu fais quoi en ce moment?

- Je suis au boulot...

- Si tu m'offres un cadeau, je veux bien venir chez toi... Ca fait longtemps...

- Ah toi et tes cadeaux... On verra en tout cas, ça me fait plaisir de t'avoir au tel

- Si tu veux je viendrai avec une copine...

- Il faut que je raccroche, j'entre en réunion.

- Ok alors, tu me rappelles quand chéri...

- Demain.

- Appelle moi l'après-midi avant 16h, sinon y a mon mari, bisous.

- Ok bisous!


Ca va faire un an, que je n'ai pas eu Lolo au téléphone. Sa voix est chaude, elle me rappelle Madagascar, elle me rappelle le Pandora... Tonga soa Antananarivo!

Il fait chaud, je suce les glaçons à moitié fondus de mon mojito sans me rafraîchir. La flamme d’une bougie dessine des formes sur les visages, mais n’est pas suffisante pour lire les menus disposés sur le comptoir.

Dans la pénombre on devine des formes féminines, les jupes sont courtes, les chemisiers ouverts sur des petites poitrines et les corps ondulent. On ne reste pas longtemps seul sur son tabouret. Elles viennent de Tulear, de Tamatave ou de Diego-Suarez., Elles sont venues chercher une vie meilleure à Tana. Mais ici les fleurs fânent vite, et leur parfum tourne aigre. Le Madagascar que je connais c’est pas celui des lémuriens ou des baobabs, c’est celui de la came, de l’alcool, des putes et de la nuit. J’ai usé mes coudes sur les bars de la plupart des établissements nocturnes de cette vieille pieuvre fatiguée.

C’est pas évident de dire gentiment qu’elle ne nous intéresse pas. Alors on prend des gants, on est gentil, on lui offre un verre et puis on lui dit que maintenant elle peut y aller. De toute façon, entre nous il ne se passera rien. Alors elle repart, colérique, hystérique,vociférante. On lui fait perdre son temps, pour elle le temps c’est de l’argent et de l’argent elle n’en a pas. Alors on reprend un Mojito, on écoute les baffles cracher les chansons saturées de Sean Paul ou de Beyoncé et le jeu recommence. C’est ça le Pandora Station, c’est ça le bar de l’aventure, c’est ça la nuit à Tana. Alors pourquoi toute cette merde est-elle si envoutante ? Pourquoi est-ce que j’y retourne chaque fois ? Simplement, parce que le Pandora, derrière sa gueule béante, son vice, son goût d’interdit et son cynisme cache de belles rencontres.

J’ai rencontré de belles femmes entre ces murs décrépis, je pense même que je suis tombé amoureux. Au milieu de toute cette crasse, des perles brillent en attendant de perdre leur éclat.

Ici le bonheur est factice, il ne dure pas. Il est tarifé et lorsqu’il ne l’est pas, il le devient,

Il promettra l’amour, l’assurance du vie meilleure, puis il se lassera, en trouvera une autre plus jeune, plus belle, moins usée. C’est tellement facile de gâcher des vies, de rentrer chez soi et d’oublier toutes nos saloperies dans les bras d’une vie parisienne lâche et anonyme.

Veloma motherfucker!

dimanche 15 juin 2008

jour 6 : La trentaine c'est moche

Je vieillis. J'encaisse moins bien les soirées qui se terminent tard dans la nuit, j'arrête de boire pour perdre du poids et j'écris sur ma vie, voilà des signes avancés de décrépitude. Il faut que je me résigne, mes vingt ans sont derrière moi.

La trentaine me tombe dessus dessus comme une roue de camion sur un chien qui traverse la chaussée. Et PAF, le Jocelyn! J'espère juste que ça laissera moins de saloperies sur la route. Je me pose plein de questions. C'est certainement du au temps qui passe, aux aiguilles qui tournent, aux petits points qui clignottent sur vos putains de montres vintage casio... J'ai 30 ans. Je refais mes calculs. Ils sont exacts : 3x10 = 30.

Pour moi tout a commencé en petite ceinture parisienne un jour d’automne de l’année 1977. Je suis le seul rejeton de mes parents. J’ai grandi plein de rêves dans la tête. Petit quand on me demandait le métier que je voulais exercer, je répondais fièrement Jean-Paul Belmondo. Aujourd’hui, je suis directeur commerciale d’une start-up. Pas de cavalcade sur les toits de Paris, pas de châtaignes distribuées à des diplomates véreux et pas de voltige accroché à un hélicoptère, mes rêves d’enfants ne se sont pas réalisés…

Tic-tac, Tic-tac... Le compte à rebours me flingue la tête. Chaque minute et chaque seconde qui passe me rapproche de ce qui me fout la trouille : assumer ma vie d'adulte. Seulement, j'ai un peu de mal cadrer dans la photo. Contrairement à n'importe quel connard de mon age, je ne me déguise pas pour aller travailler, je ne cache pas mes tatouages, je n’ai pas de crédit pour une voiture merdique et je ne vais pas au supermarché le samedi. Je n’ai qu’une certitude, je vais mourir jeune. Je couche avec des putes, suis accroc à la vodka et à la coke... Ma vie est vide, futile, hardcore, inutile. La seule concession que j'ai bien voulu faire à la trentaine est d'acheter un appartement. C'est mon boulet, ma putain de croix...

Et voilà, je suis en train de me convaincre que je suis encore jeune. Peine perdue! Demain, je guetterai mes cheveux blancs et traquerai la moindre ride sur mon visage. C'est malheureux à dire, je vieillis et c'est pas beau à voir.

samedi 14 juin 2008

Jour 5 : Un peu de New York sous la peau

- Si tu te fais tatouer, je le fais aussi
- Tu te dégonfles pas !
- Mais non...
- Il faut qu'on trouve un bon tatoueur
- Il y en a dans Greenwich...

Un coup de yellow Cab et nous nous retrouvons Downtown. On est à Greenwich sur la 7e rue. Il s'agit d'un quartier séduisant, calme proche de la NYU. Il y a beaucoup d'étudiants, de bars, de sex shops, et de boutiques de tattoos. Ces dernières sont souvent signalées par des néons rouges explicites. La pression commence à monter. Je ne me ferai jamais tatouer une tête de mort avec des vers qui lui sortent du nez! Pas possible. "Hi guys, may I help you". Nous répondons gentiment à la  serveuse que nous ne sommes pas intéressés et repartons dans notre quête du bon motif.

Trois boutiques et plusieurs dizaines de planches plus loin nous entrons dans un nouveau salon. On entend du rap dans la boutique, c'est motivant. Les catalogues sont épais, il y a beaucoup plus de choix,on tourne les pages et nous nous choisissons des motifs tribaux. Nous sommes des débutants en tatouage... Nous faisons en quelques minutes un choix qui selon les vrais passionnés se prépare en plusieurs mois. Nous n'y connaissons rien mais on s'en fout...  Pour moi, ça sera entre les omoplates et pour Simon sur l'épaule droite. Putain on a 15 ans... Je tremble un peu, m'approche du comptoir avec le motif. C'est parti !

Simon passe en premier.
   - How much time does it take ?
   - For life man.
Ca doit durer 20 minutes. Simon demande s'il est possible d'appliquer un peu de lisocaïne sur la zone où l'aiguille va injecter l'encre sous la peau. "No guy, that's not how we do. You'll never find anybody in the world doing this. You got to feel your tatt'". On appréhende la douleur. Le cérémonial commence. Le tatoueur, s'appelle Juan, il nous montre son travail. Il veut nous rassurer, il a déjà fait des trucs bien plus compliqués. C'est vrai, on regarde son book. On scotche sur l'épaule d'un type marqué d'un nom féminin. Il devait vraiment croire que l'amour dure toujours. Simon s'assoit dans le fauteuil. Un gros fauteuil noir, en skai déchiré. Tout est stérile, Juan est fier de nous préciser que son magasin est safe en déchirant les emballages d'aiguilles. Il fait une copie du modèle choisi. Applique une espèce de décalcomanie sur la zone à tatouer. Il prépare la vaseline et branche le dermographe. On risque une dernière question :"Est-ce que ça fait mal ?". Juan sourit, et nous répond que ça fait un peu mal mais rien de bien terrible.

Je reçois un coup de fil de Paul, il arrive. Il veut assister à la scène. Le travail commence. BZZZZZZ, l'aiguille commence à frapper l'épaule de Simon. Le bruit est impressionnant et l'odeur âcre envoutante.
   - Ca va, ça fait pas trop mal. Si en fait ça picote un peu. Mais ça va ça se supporte. T'as pas envie de me raconter des trucs ?
   - Si, si... Tu sais qui gagne entre superman et Batman ?
Le dessin prend forme,les lignes du décalcomanie se remplissent d'encre indélébile. C'est magique. Simon grimace. Je lui demande si ça va. Il me dit qu'il a mal. Et puis au bout d'un moment, ça passe. Il est anestésié. Il va mieux, il grimace moins, serre moins la machoire, relache ses poings fermés. Les 20 minutes sont passées. Le tatouage est terminé, la tortue tribale a pris place sur l'épaule de Simon. Elle l'accompagnera toute sa vie.

C'est mon tour. Je tremble un peu. Paul est à coté de moi. Il se demande si je vais aller jusqu'au bout. Je la veux ma marque. Je m'installe sur le fauteuil doucement. Je souffle un bon coup. Je baisse la tête. Juan peut commencer son travail. Fabiola et Simon prennent des photos, je fais semblant de sourire. Putain, ça fait mal. Ca fait juste trois minutes, que le BZZZZ a commencé, trois minutes d'une douleur lancinante. Trois minutes, encore trente sept à sentir l'aiguille exploser mon épiderme, à sentir l'encre s'insinuer sous ma peau.

Simon s'est absenté et revient avec un sujet de conversation passionnant. Il a décidé de me parler de piercing et des photos qu'il a vu dans la boutique : une collection incroyable de P.A. "Ca doit faire mal!!!." C'est clair que ça doit faire mal. Mais en ce moment je suis en train de jongler sévère et ça pourrait m'aider de me changer les idées. C'est pas difficile de parler de cheesecake, de jolies filles, de putes en Thailande... De trucs agréables quoi! Et ben non, lui ça l'éclate de parler de truc super glauques et de bites percées alors que ça fait 38 minutes qu'une aiguille me défonce la peau. C'est bientôt terminé. Je fais le compte à rebours dans ma tête. "Done ! Uh, it was long. You see I didn't lie, it doesn't hurt so bad. Look at it in the miror. Do you like it ?" Bien sûr que je l'aime, j'ai trop souffert pour ne pas l'aimer!

vendredi 13 juin 2008

Jour 4 : Introducing Pénélope

Il est 8 heures du matin, Joe et moi nous nous séparons après une nuit semblable à celles que nous avons l'habitude de passer ensemble. Je monte me coucher et repense à notre première rencontre au Pachyderme vers République. A cette époque, j'accompagnais Pénélope pour un diner en tête à tête... Pénélope, la seule qui aie su inverser les rôles... La seule qui me fasse attendre...

Back in the days, fraîchement débarqué de l'avion, je suis avec Simon et Patrick sous sol de l'APT une boite de la 13e rue et elle danse face à moi. Elle est belle dans sa robe assortie à ses longs cheveux noirs. Le tissus épouse son corps, elle bouge en sur d'elle sur des talons particulièrement hauts. Elle pourrait paraître vulgaire avec son tein pâle, ses cernes discrètes et son rouge à lèvre carmin... Je la trouve juste belle, différente des autres américaines qui se déhanchent sur la voix aigüe de Pharrell... Mooove, she wants to moooveee... Hit me! Nous échangeons des sourires. Je prends mon courage à deux mains et je m'approche d'elle maladroitement.

- Hi, I'd like to know if i could offer you some drink...

- Sure, where are you from ?

- France, Paris

- T'es français ? Moi aussi, ça fait du bien de voir des français.

- Je te trouve très jolie

- Merci.

- Alors qu'est-ce que tu prends

- Whisky on the rocks, tu es là pour les vacances ou tu vis ici ?

- Vacances

- Tu pars quand ?

- Samedi prochain.

- Cool on va pouvoir se revoir alors ?

- J'espère....



Quelques jours plus tard, mon téléphone sonne. "Salut, c'est Pénélope, tu fais quoi en ce moment ? On peut se voir ?". J'hésite, je bafouille et je finis par sortir quelque chose qui ressemble à un oui. Elle me donne rendez-vous à l'angle de Broadway et de Lafayette. Je suis un peu en avance, alors je fais un tour dans le quartier, je n'aime pas être le premier. Je n'aime pas donner l'impression que j'attends quelque chose des gens. Je ne veux plus être celui qui se trouve en situation d'infériorité. Après deux tours du block, je la vois arriver. Elle est toujours aussi belle, toujours vétue de noir, de larges lunettes de soleil cachent une partie de son visage et certainement les séquelles de la nuit précédente . Jusque là tout va bien. C'est la suite que je n'avais pas prévu.

Les mots se mélangent, je cherche à tout remettre dans le bon sens. J'y arrive pas. On s'est promené dans les rues de New York. Je me suis senti revivre pendant un moment. Il s'agit d'un de ces moments simples que l'on a du mal à raconter. Un moment que vos amis trouvent ridicule. Le genre de moment que l'on n'oublie jamais. Un moment qui laisse des séquelles, qui fait que l'atterrissage est trop dur.

On a pris un verre dans le L.E.S., pas loin d'Orchard Street, fait du shopping sur Lafayette et Rivington, chill out in NYC, c'était bien. On a parlé de nos vies, de nos goûts, de ce qu'on aimerait faire et de ce qu'on faisait tout simplement. Putain, c'était bien. Trois heures qui ont duré à peine une minute. Le temps passe toujours trop vite quand on est heureux .

jeudi 12 juin 2008

Jour 3 : Dans les yeux de Marine

Aujourd'hui, j'ai décidé d'exister par le regard de l'autre, et quelle autre !

C'est bon de voir ce que certaines jeunes filles à papa névrosées arrivent à prendre leur plume pour... me gratifier d'une prose maladroite... et vengeresse... La rupture fut difficile ;) Pour une fois, j'abandonnerai pseudonymes et je te salue bien bas Marine. Chapeau l'artiste !

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comme d'hab !
contente de voir que rien ne change

question nana, une blonde et tres moche de surcroit jai oui dire... (thanxxx to your loyal friends) )bref rien ne va plus, on se relache? ah ah
bref j'adore le "single" quand meme... like usual... on ne se refait pas
de la rancune tu auras devine, j'en ai qd meme, j'irai meme jusqu'a te flatter et parler de rancoeur

en meme temps je suis magnanime
et si facebook m'aide a n'avoir aucun regret a ton sujet
tu vas pouvoir suivre toute ma petite vie de crevarde
j'espere que tu vas kiffer
regale toi parmi mes copines aussi
je suis sure qu'il y aura moyen de les faire rire a leur tour(ta reput t'a devancee : tu es celebre, enfin !) tu verras il y en a bcp de jolies a bluffer
et puis peut etre qu'un jour qui sait, j'accepterai de te revoir sans te mepriser
tiens, on pourra peut etre meme aller dans un restau qu'un de mes potes a ouvert, parler des amis que tu as encore perdu (apparemment Gérard Aumax ne peut plus te blairer sur facebook) ou des meufs a qui tu as encore menti

sinon pour infos tu le sauras bien assez tot j'organise un concert le 21 juin au dessus du parc ********** que tu connais, ca risque d'etre enorme, emmene ta nana a mpoins qu'elle n'aime que se laisser entrainer dans des endroits branches de paris (laisse moi deviner Kong ? le Georges? Murano? mouahahah)
et tjs pour infos je risque de m'expat', si tout va bien, pour new york d'ici un an le temps que tout se mette en place (j'ai un bon boulot de connasse qui paise qui m'attend la bas)... comme quoi pas besoin de toi pour me convaincre

allez la bise
meme si tu ne le merites pas

M.

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Le même jour dans la soirée, la même jeune fille disgracieuse m'envoie un sms...


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Roi Heenok en concert live maintenant au Paris social club, t'es ou negro? Les choses se passent!...

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D'où l'importance d'être constant... Biatch!

mercredi 11 juin 2008

Jour 2 : Introducing Joe

Comme je représente la caricature vivante du jeune métrosexuel urbain hype, j'ai acheté un produit immobilier proposant des volumes atypiques. La traduction en français normal, j'habite dans une boutique réhabilitée en pseudo loft plein de charme (il faut comprendre petit). Seulement, la vie en rez-de-chaussée si elle propose de nombreux avantages s'accompagne souvent d'inconvénients… La loi de l'échange équivalent ne me quitte décidément pas.

Il est une heures du matin, on toque à ma fenêtre, je devrais dire ma vitrine... Et oui! Je me reveille en sursaut et manque de tomber de mon canapé… J’entends une voix de derrière la vitre : “C’est Joe, je suis dehors… Ouvre, ça caille, je t'expliquerai..." Je lui ouvre la porte et l'accueille dans mon home-sweet-home.
"Qu'est-ce que tu fous là?"
"Je me suis embrouillé avec mes meufs, elles m'ont soulé... Je me suis cassé, j'ai marché et au final je me retrouve chez toi.... Et je me disais que je ferais bien de la merde ce soir!”

Ca y est le cri de ralliement est lancé : FAIRE DE LA MERDE. L'expression est vague, floue, trouble et chacun peut l'interpréter comme il le souhaite : c'est le slogan de ma génération de paumés. "faire de la merde", c'est le sésame universel (j'entends dans les quelques arrondissements dans lesquels j'évolue) pour se mettre minable!

Joe est devant moi, son t-shirt noir est déformé par des épaules transgéniques sur lesquelles tombe une impressionante tiniasse noire. Joe, je l’aime bien. C’est un peu mon Samson de la défonce. Je l'ai connu par le biais de sa soeur Pénélope, ahhhhh Pénélope... Nos relations ont d'abord été professionnelles puis amicales.

Il sors des sachets de sa poche et les pose sur ma bibliothèque Cinna.
"Prends une BD, va pas rayer la laque..."
"T'es relou, avec tes meubles à la con, on peut rien faire avec!"

Une paire de ciseaux et le tour est joué. Le sachet de plastique éventré déverse son contenu blanc la courverture d’un album de Pascal Brutal. Joe prend la carte de credit visa premier périmée que je conserve spécialement à cet effet et commence à casser méthodiquement les morceaux de cocaïne pour les réduire en une poudre fine et uniforme.
"C’est le premier qu’est-ce que tu penses de le couper en deux ?"
"Que du bien…"

Il sépare deux lignes longues et épaisses, on appelle ça des poutrelles. Un billet roulé, une longue inspiration, et c’est fait… La poutrelle qui m’était destinée a presque disparu. Alors, parce qu’il faut bien finir le travail, j’humecte mon index et récupère le surplus présent sur le quatrième de couverture. et me frotte les dents. Ca y est j'ai les yeux qui pleurent.

Joe approche le tube de papier bleu de son nez, il inspire a son tour. La poudre blanche remonte vite, atteint son conduit nasal, passe dans sa gorge, lui laisse un goût amer dans la bouche, se mélange à son sang. Ses yeux son grand ouverts injectés de sang, sa machoire se contracte…

La soirée va commencer, le seul problème c'est qu'on est loin d'en voir la fin.

mardi 10 juin 2008

Jour 1 : Bonjour je m'appelle Jocelyn

Je suis seul à la maison, un petit coin douillet, un petit appartement du cinquième arrondissement que j’ai acheté il y a trois ans. Je squatte à l’aise, je suis pose dans mon canapé design, les pieds sur ma table basse design avec mon ordinateur portable sur les genoux. Pas un coup de fil, pas un sms, pas de chat sur internet, je suis seul et ce soir je me coucherai seul. Ca me ressemble pas, c’est pas mon genre, habituellement, je déteste me retrouver seul avec moi. Ca me fout le bourdon, ça me donne envie de faire n’importe quoi, de faire de la merde comme on dit entre nous.

En ce moment, je fais une pause, je calme le jeu, je m’économise.. je regarde des séries sur mon portable, la dernière en date ? Californication. L’histoire d’un écrivain paumé qui baise avec des mineurs, picole, se drogue pour oublier. Oublier qu’il a beau courir, sa vie le rattrapera toujours… Putain, j’aurais jamais cru m’identifier un jour à David Duchovny. C’est moche quand même. Mais le plus laid, c’est qu’à la fin de la saison, il retrouve sa femme, sa fille et qu’ils finissent heureux se perdant dans l’ivresse du bonheur familial… Mais qu’est-ce qu’ils ont les cainris avec leurs saloperies de happy end ?

Il est vingt trois heures et après sept épisodes, onze bouchées à la crevette et une portion de riz blanc, j’essaye de taper quelques mots. Ce soir, j’ai pris une grande resolution, écrire une page par jour pour décrire ma vie et celle de mes proches. Le concept, c’est que ça dure un an à partir d’aujourd’hui… Je m’offre 365 pages de psychanalyse. Peut-être que je le publierai, peut-etre que j’en ferai un blog, peut être que ça restera au fin fond d’un repertoire cache de mon powerbook. Peut-être que ça n’intéressera personne, peut-être que je n’ai aucun talent… Une année c’est long et l’assiduité c’est pas mon fort. Je suis plutôt du genre à courir le marathon en tête et m’arréter à cinquante centimetres de la ligne d’arrivée. Je finis pas ce que je commence, je ne reste pas pas avec une femme très longtemps, et quand je reste je m’arrange pour qu’elle me quitte. Je suis un connard générationnel, un produit de MTV et de la banlieue parisienne. Je pourrais avoir une vie agreeable, confortable avec des enfants, une femme… C’est normal quand on attaque la trentaine non ? Ma mere me l’a dit… “Te fais pas d’illusion, t’es un marginal, tes amis ne sont pas normaux alors essaye pas de faire semblant vie ta vie décousue… C’est ta façon à toi de rester vivant.”

Je vis donc ma marginalité confortable comme je le peux… Entre deux lignes de coke je passe mon temps à sortir et à travailler. Mes sorties me coutent cher alors je travaille beaucoup, une vraie pub pour l’UMP nouvelle generation. Demain je dois être au travail à 10 heures et pour une fois je n’aurai pas de cernes, mon haleine ne sera pas chargée de vodka meme après 3 bains de bouche au Lysteril. Je vais être clair, performant, je vais assurer dans mon role de directeur commercial. Je vais enfin mériter mes 6000 euros mensuels.